« Tu as posé le décor, tu y as introduit un quelqu’un ou une quelqu’une, je te propose de jeter par là dessus grain de sel ou grain de sable, un événement imprévu, quelque chose qui arrive, cheveu sur la soupe, huile sur le feu, éléphant dans la porcelaine, à toi de jouer. «
A toi de « saisir comme fleur en printemps le bouquet joli de mots choisis dans la page qui suit (clique pour agrandir) »:
Rappel : épisode 1 ICI – épisode 2 ICI
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«Je me dépêche, je me dépêche»,
haletait Camomille en se hâtant à travers champs et bois.
«Aujourd’hui est un grand jour, il se fait tard et je suis déjà en retard»,
se disait-elle en s’enfonçant dans la forêt qu’obscurcissait une brume tenace.
Mais rien ne pouvait effrayer et encore moins freiner Camomille dans sa course effrénée.
Rien ?
Camomille est ourse et n’en peut mais. Depuis que le monde est monde et que les ours y vagabondent, plus encore que les chattes, l’ourse est gourmande !
Et particulièrement de tous les délices des sous-bois, qu’il s’agisse de baies, de miel ou… d’hyménomycètes.
Or, ne voilà-t-il pas qu’au détour d’un chemin, dans le creux humide d’une combe, surgissant de l’hypnée et embaumant la rosée, Camomille découvrit, émerveillée, une flopée, que dis-je, une armée de sporophores. C’était à n’en pas croire ses yeux !
Le fond du vallon était tapissé d’agarics, d’amanites, d’armillaires, d’auriculaires, de bidaous, de bolbities jaune d’oeuf, de bolets élégants, de boules de neige et de bovistes plombées, de canaris, de cèpes plus ou moins bronzés, de chanterelles modestes, de chevaliers, de calvaires et même de clitocybes géotropes.
Sans oublier les cocherelles, les collybies, une colombette et des caprins chevelus, des entolomes, des escumelles même et des fistulines hépatiques ma foi fort sympathiques, des girolles presque pruineuses, des grisettes, des rousses guépinées et l’hydre roussissant au côté d’une hygrophore écarlate et d’une hypholome hydrophile.
Il y avait encore des laccaires laqués et d’autres très semblables à laccata, des lactaires délicieux ou camphrés, des langues de boeuf, des langues de chat et même quelques lépiotes déguenillées.
A côté on pouvait encore découvrir, au milieu de marasmes à long pied, des morilles côtelées, des morveux et des mousserons ainsi que bon nombre de nonettes pleureuses.
Il faudrait dire aussi les palomets, les parasols, les pézizes coccinées et les pholiotes changeantes et puis les pieds bleus ou de moutons parfois roussissant, durs ou violets, les pleurotes pulmonaires et les polypores en touffes qui étouffaient, précisément, les pratelles, les psalliotes et les psathyrelles de De Candolle.
Ah, les psathyrelles de De Candolle !
Il y avait aussi, évidemment, des rosés des bois et de candides russules, une tête de moine et un tricholome sordide pour entourer les trompettes des morts et des vesses de loup géantes.
Camomille crut même reconnaitre – est-ce possible ? – nichée entre une volvaire gluante et une discrète verdette, une verpe de Bohème…*
Comment résister ?
Oubliant tout ce qui la pressait, Camomille s’empressa d’emplir son petit panier non sans grignoter, ce faisant, quelques morilles par-ci et deux ou trois bolets par là.
Que n’avait-elle emporté une bouteille d’hypocras pour faire descendre tout ça !
C’est alors qu’elle entendit, à travers la frondaison, d’étranges craquements tandis que, peu à peu, une lumière transperçait la brume et l’éblouissait…
«C’est renversant !»
pensa-t-elle en levant la tête bouche bée.
Et ça l’était en effet…
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Retrouvez ICI tous les participants au Grand Chantier de la Mère Castor.
*(Si vous n’en avez pas assez eu, vous pouvez aussi aller voir ICI une liste de champignons plus exhaustive…!!!)
1AnneC Samedi 31 Mars 2012 à 18:36
Euh…ça ira pour moi, merci, je n’ai vraiment plus faim !! :)) Quel énorme travail de doc !…Suis scotchée, et ton histoire coule sans souci avec la gorgée d’hypocras ! BRA-VO!
2la Mère Castor Samedi 31 Mars 2012 à 18:46
Quelle science, quel vocabulaire de champignons, j’en suis toute ébaubie. Merci beaucoup, je lie.
3chris-calame Samedi 31 Mars 2012 à 18:54
quelle science mycologique !!
mais quelle est donc cette lumière ?? vivement le mois prochain…
4ManinouMalou Samedi 31 Mars 2012 à 20:16
J’adore lire ce genre d’articles riches en culturel.
Tu nous emmènes sur de nouveaux chemins.
Bisous
Martine
5AGD Dimanche 1er Avril 2012 à 19:36
Eh bien… J’ai appris plein de jolis mots…. Bises et bonne soirée,
6chanelke Lundi 2 Avril 2012 à 09:05
Quelle belle ballade au milieu des mots…
7patchcath Mardi 3 Avril 2012 à 06:39
bravo et merci, tu nous régales, j’ai mangé ton histoire, je suis impatiente de lire le prochain épisode
comme c’est beau!
Répondre
8FilFollet Mardi 3 Avril 2012 à 12:17
Merci Patchcath ! J’espère que tu n’as pas eu une indigestion avec tous ces champignons !!!!
9Marie Mardi 1er Mai 2012 à 14:13
Que de jolies créations – un grand bravo
Je t’invite à visiter mon blog afin que tu découvres mes différentes passions bisous
10Maade Mardi 11 Février 2014 à 19:00
Bravo. J’ai été éblouie par la richesse du vocabulaire et la poesie. Par comparaison mon style à moi me paraît bien ordinzire.
Bonne continuation. Bisous.
Répondre
11FilFollet Mardi 11 Février 2014 à 22:48
Oh, il s’agissait d’un jeu qui malheureusement a été stoppé par la personne qui l’avait lancé… Rien à voir avec la longue et belle histoire de Pépine !
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