C’est sur la digue de Trinquetaille qui protège ce quartier des éventuelles crues du Rhône qu’a été prise la photo qui précède. Vous êtes plusieurs à avoir été intriguées par ce mot et Anne a même proposé une très jolie interprétation ! Mais que signifie donc Trinquetaille ?
Et bien, ce mot a donné lieu à de nombreuses suppositions et aujourd’hui encore, les spécialistes préfèrent dire qu’ils ne savent pas répondre à cette question.
Le plus souvent, on entend dire que le nom de Trinquetaille se réfère soit au paiement de la taille, un impôt sur les marchandises transportées dont un poste d’encaissement se trouvait dans ce quartier, soit au fait qu’il y avait dans le port de Trinquetaille de nombreuses auberges où les marins allaient trinquer (boire en provençal) l’usage étant de faire une entaille dans les murs pour noter les tournées (?)…
Wikipédia évoque aussi l’hypothèse de Jean-Pierre Chambon qui voit dans ce toponyme un cri de guerre : Trinca ! Talha ! (Tranche ! Taille !) lié au repli défensif du bourg au cours du Haut Moyen Age.
Jean-Maurice Roquette, Conservateur des Musées d’Arles, dans un article intitulé «Trinquetaille : les fouilles anciennes» publié dans le n° 68 (sept. 1989) du Bulletin des Amis du Vieil Arles, donne une explication moins courante mais plus pertinente, à mon sens, du nom de ce quartier.
Il rappelle que «le nom de Trinquetaille, sous sa forme TRENCATALLIA ou TRINQUATALII n’apparait qu’à la fin du XI° siècle et son étymologie reste obscure : l’explication la plus plausible serait de le faire dériver du mot latin Triquetra (qui a trois angles) et qui évoque bien la structure triangulaire du delta où survit encore le nom du quartier de la Triquette.»
Bref, le nom de Trinquetaille ferait référence à la forme de ce faubourg de la rive droite d’Arles situé «en tête de Camargue» dans le triangle ouvert par la séparation du grand et du petit Rhône.
Je me demande ce qu’en aurait pensé Mistral qui aimait aller manger, avec son ami Alphonse Daudet, à «La Riboto de Tranco-Taio», un cabaret fréquenté par les bateliers du Rhône !
Quai d’Arles et de Trinquetaille, d’après un dessin de M. de Rebatu, 1639 ; Bibl. Mazarine, Paris
La ville et la cité d’Arles, gravure de J. Peytret, 1660 ; médiathèque d’Arles, photo C.I.C.L.
Arles au XIIe siècle, dessin de Y. Azzoug ; coll. Ville d’Arles
Vincent Van Gogh 1888 – le Pont de Trinquetaille
1AnneC Mardi 8 Novembre 2011 à 22:28
Merciii d’avoir fait ces recherches pour nous, Marianne!Différents regards sur une même ville… A nous de choisir la réponse qui nous séduit le plus, finalement…quitte à réinventer l’histoire !
2NeverendingCraft Mercredi 9 Novembre 2011 à 08:50
C’est super intéressant tout çà, merci, j’aime ton esprit curieux de tout …
3Claudine Jeudi 10 Novembre 2011 à 04:24
Super ! Merci pour toutes ces explications et bon jeudi
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4FilFollet Jeudi 10 Novembre 2011 à 11:26
C’est surtout Mr FilFollet qui a cherché !
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5FilFollet Jeudi 10 Novembre 2011 à 11:32
Merci Stéph ! Quand on habite un quartier avec un nom aussi curieux, on en envie de savoir d’où ça vient… Bonne journée. Bises.
6ManinouMalou Lundi 14 Novembre 2011 à 12:05
C’est vraiment une page d’histoire que tu nous racontes. Surtout en ce moment, c’est d’actualité.
Bisous et j’espère que tu as enfin un peu de soleil. Ici, je dirais que nous avons la saison des brouillards. A Metz c’était pareil.
bisous hermanita
7anne Dimanche 18 Mars 2012 à 23:06
OK, merci , j’avais raté cet intéressant article!!!!
8Monika Vendredi 31 Janvier 2014 à 11:11
C’est toujours pareil, chacun a sa propre explication qui est toujours la vraie ! c’est là que ça devient intéressant…
En tout cas tu nous as fait découvrir un joli endroit !
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