En face du Havre de Grâce (du nom de la côte que l’on peut admirer de ses quais) et de Harfleur que les anglais prirent bien avant elle, Honfleur se niche autour de son Vieux Bassin que borde le quai Sainte Catherine et que surveille la Lieutenance.
De là partit Samuel de Champlain qui, dans le sillage de Jacques Cartier, s’en alla fonder Québec au Canada en 1608.
Il est loin le temps (1373) où Jean de Vienne, capitaine d’Honfleur et amiral de France, était responsable de la forteresse et de sa garnison, veillait à l’armement de la flotte et à sa conduite en temps de guerre et contrôlait la guerre de course. Mais à travers ses ruelles pleines de charme, le long des maisons à colombage, autour du clocher de Sainte Catherine, robuste construction de chêne isolée de l’église à deux nefs, plane toujours l’esprit des corsaires qui en firent alors le renom.
Sur le quai Sainte Catherine, des maisons étroites et hautes, comptant jusqu’à sept étages, élancent leurs façades de bois protégées d’ardoises (procédé que l’on nomme « essentage »). Ces maisons sont d’autant plus hautes que la rue, de l’autre côté du bassin, monte sur la colline.
Le grenier à sel, admirable bâtiment en pierre du 17ème siècle que recouvre une magnifique charpente en chêne ne stocke plus le sel nécessaire à la pêche à la morue, mais il reste une flottille de bateaux de pêche qui débarque, chaque jour, poissons et crustacés.
Depuis les romantiques, Honfleur s’est tournée vers les arts et a inspiré de nombreux artistes -Musset bien sûr- mais surtout des peintres : normands bien sûr, comme Boudin, mais aussi parisiens comme Corot et étrangers comme Jongkind, pour ne citer que quelques noms célèbres qui se réclamèrent, un temps, de l’école de Honfleur et dont certains furent à l’origine de l’impressionnisme. Plus récemment, Honfleur a séduit le pointilliste Seurat et le fauve Dufy.
Si Honfleur est très prisée des touristes, le manoir du Désert est moins connu. Il est pourtant d’une rare élégance et magnifiquement implanté. C’est l’un des multiples manoirs du pays d’Auge, « résidence des champs » d’un avitailleur des nefs royales : Jean Le Danois, qui le fit construire à la fin du XVème siècle. Et un bel exemple des logis de bois qui fleurirent en pays d’Auge du XVème au XVIIIème siècle. Installé au centre d’un vaste domaine foncier il a été restauré par la société normande d’ethnographie et d’art populaire. Il offre un bel exemple de l’organisation habituelle des bâtiments d’exploitation dans cette région avec, tout autour de la cour manoriale enclose d’un mur de silex maçonnés et plantée de poiriers et de pommiers, le pressoir et son grenier à pommes, le fournil avec son four placé en extérieur du bâtiment et la grange aux vastes dimensions et au toit pentu et haut.
Sans oublier la mare aux canards au milieu de tout cela.